Journée petite enfance 2014

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Journée petite enfance 2014

 

Le 2 octobre se déroulait à Monteux la 11e édition de la Journée Petite Enfance, organisée par la B.D.P. en partenariat avec la P.M.I. Le thème de cette année : filles ou garçons, des différences aux stéréotypes.

 

 

Comment fabrique-t-on, à partir de stéréotypes, des inégalités entre les hommes et les femmes ? Quels sont les principaux ressorts de cette éducation « sexiste » que nous reproduisons le plus souvent à notre insu ou inconsciemment, dès la plus tendre enfance ?

 

Ce sont ces questions qu’interrogent sans relâche les deux intervenantes de cette journée : Sophie Collard, du bureau d’étude Artémisia, et Bénédicte Fiquet, de l’association Adéquation. Chacune à leur façon, a questionné le rapport que chacun d’entre nous a vis à vis des filles et des garçons que nous accueillons, dans nos crèches, dans nos bibliothèques, dans nos écoles, et y ont décelé des disparités de traitement qui participent de la reproduction d’un traitement inégalitaire.

Sophie Collard travaille pour Artémisia, un bureau d’étude et organisme de formation spécialisé dans la promotion de l’égalité hommes/femmes. Elle est coordinatrice du projet Egalicrèche, qui s’appuie sur une approche sociologique ainsi que sur une expérience menée en Suède. L’objectif du projet Egalicrèche : la promotion de pratiques non-sexistes en crèche. Car force est de constater que les clichés ont la vie dure et que nous inculquons aux enfants dès leur naissance des modèles qui participent d’une vision très stéréotypée de ce que c’est qu’être une fille ou un garçon. Il ne s’agit pourtant en aucun cas de forcer les filles à jouer au tractopelle ou les garçons à la poupée, mais plutôt de proposer un égal accès aux jeux ou aux différents espaces de la crèche, dans la plus grande liberté, sans contrainte et sans jugement de valeur. Car toutes les petites filles ne sont pas mignonnettes et bien sages ni les garçons turbulents, courageux ou forts…

Qui n’a pas eu un petit garçon aimant jouer à la dinette ou une fille aimant voitures ou motos ? Des projets comme Egalicrèches sont actuellement mis en œuvre dans des crèches des régions parisienne et toulousaine.

 

Chaque crèche est accompagnée pendant 6 mois et le projet se décline en plusieurs phases :

  • une présentation du projet à toute l’équipe,
  • une phase d’observation (40h) qui porte sur les activités, les relations avec les parents ; les pratiques et comportements des encadrants etc.
  • un constat et la mise en place d’ateliers,
  • un travail de restitution du travail en ateliers,
  • une évaluation avec un suivi du projet à 3 mois ou à 6 mois.

 

Il s’agit de communiquer autrement avec les enfants comme avec les parents, de s’interroger sur l’aménagement de l’espace, les activités proposées etc. En dépit de nombreuses réticences au démarrage, les personnels se montrent très satisfaits car le projet est l’occasion d’une vraie réflexion sur d’autres manières de faire, fédère les personnels et améliore la communication entre tous.

 

L’après-midi, Bénédicte Fiquet, chargée de mission pour l’association Adéquation s’est penchée pour sa part sur la littérature jeunesse et les albums pour enfants.

Car les livres pour enfants, qu’il s’agisse des textes ou des illustrations, véhiculent nombre de stéréotypes dans lesquels grandissent les enfants. Là encore, il ne s’agit pas de brûler les albums, mais bien d’être conscients qu’ils reproduisent une image de la réalité souvent très sexiste ; il faut donc s’en servir comme base d’échange avec l’enfant, le faire parler sur ce qu’il vit chez lui, au sein de sa famille et ainsi déconstruire certains clichés et l’autoriser à entrevoir qu’il peut y avoir des réalités ou des comportements différents. On se rend compte, par exemple, qu’il existe beaucoup plus de héros masculins que d’héroïnes féminines, ou que ces dernières sont souvent cantonnées à des rôles de maitresse ou de maman. Or beaucoup de mamans travaillent… Et pourquoi une petite fille ne rêverait pas d’être pompier ? Méfions-nous des assignations dont nous sommes victimes qu’elles touchent à nos métiers comme à la construction des hommes et des femmes de demain.

 

Bénédicte Fiquet nous a donc proposé une bibliographie de titres qui déconstruisent ce type de clichés, mettent à l’honneur des réalités nouvelles telles que les familles recomposées, des papas aux prises avec les tâches ménagères etc. Pas de panique, ce n’est pas un vent de révolution qui souffle sur vos enfants (et qui emmêlerait la chevelure de nos douces fillettes !), mais plutôt l’affirmation de ce que la littérature pour enfants a toute sa place dans une éducation non sexiste et qu’il est grand temps de préparer les consciences, année après année, à ce que doit être une véritable égalité entre les hommes et les femmes.

 

Pour finir, retenons simplement que les stéréotypes, quand ils veulent à toute force différencier ce que doivent être les garçons ou les filles, tendent en réalité à créer une uniformisation. C’est tout le paradoxe du combat de celles et ceux qui tendent de circonscrire la réalité, alors qu’elle est par nature multiple, diverse, mais à condition qu’on ne l’enferme pas !

Pour aller plus loin :

Voir la bibliographie (PDF - 1021 Ko)

Voir la présentation du programme Egalicrèche Artemis (PDF - 630 Ko)

  

Voir la sélection :

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